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Zoom sur les « Mammobiles », des unités mobiles de dépistage du cancer du sein

Malgré la mise en place du dépistage organisé du cancer du sein en France en 2004, de nombreuses femmes peinent encore à se faire dépister, notamment en raison des inégalités d’accès et de recours aux structures de dépistage. Pour y faire face, des unités mobiles de mammographie ont été développées dans certaines régions. Ces « Mammobiles » répondent aux mêmes exigences que les centres de radiologie (contrôle qualité, double lecture etc.) et sont gérés par des équipes médicales formées pour répondre aux spécificités de ce dépistage mobile. Engagé dans l’amélioration de l’accès aux soins, Siemens Healthineers équipe deux de ces Mammobiles, dans l’Hérault (Occitanie) et dans l’Orne (Normandie).

Octobre Rose

|1 – 30 oct. 2022

En ce mois d’Octobre Rose, le Docteur Joseph Pujol, président du dispositif de l’Hérault et médecin Directeur général du Centre régional de coordination des dépistages des cancers (CRCDC) d’Occitanie, le Docteur Laurent Verzaux, président du Mammobile de l’Orne et du Centre régional de coordination des dépistages des cancers (CRCDC) de Normandie et le Docteur Marie-Christine Quertier, directrice du Centre régional de coordination des dépistages des cancers (CRCDC) de Normandie, reviennent sur ce dispositif de dépistage mobile. 

En France métropolitaine, 58 500 nouveaux cas de cancer du sein sont détectés chaque année, en faisant le cancer le plus fréquent chez les femmes. C’est aussi le cancer féminin le plus meurtrier avec 12 146 par an. Un chiffre toutefois en baisse (-1,6 % par an entre 2010 et 2018) (1) grâce aux progrès des traitements et de la prise en charge mais aussi du dépistage : « une tumeur du sein cancéreuse détectée à taille réduite est guérissable dans plus de 95 % des cas, rappelle le Docteur Joseph Pujol. De plus, les tumeurs détectées précocement permettent des traitements beaucoup moins pénibles et moins invalidants pour les femmes, avec une meilleure qualité de vie, et beaucoup moins coûteux pour le système de santé ». Autant de raisons qui rendent indispensable le dépistage du cancer du sein à grande échelle.

Joseph Pujol

Docteur Joseph Pujol
Crédit : Ville de Montpellier

Cependant, et malgré la généralisation du dépistage organisé depuis 2004, de nombreuses femmes de la population-cible (soit celles âgées de 50 à 74 ans sans symptôme apparent ni facteur de risque particulier) y échappent encore. Ainsi, un palier de participation situé autour de 50 % (2) est observé depuis 2008, avec de fortes disparités entre départements (de plus de 65 % en Savoie à 29 % en Guyane, en 2021) (3). Parmi les freins au dépistage figure l’éloignement des centres de dépistage et des cabinets de radiologie.

Pour y parer, des unités mobiles ont été créées pour aller au plus près des femmes, comme l’explique Joseph Pujol, président du premier Mammobile français mis en circulation dans l’Hérault : « malgré notre situation dans une zone relativement bien dotée sur le plan médical, un grand nombre de femmes n’avait aucun suivi mammographique. Dès la fin des années 1980, on a donc mis en place ce dispositif de dépistage mobile sur la ville de Montpellier puis sur le département de l’Hérault. Nos tournées passent aussi bien dans des zones rurales qu’urbaines ou péri-urbaines, avec, à chaque fois une forte participation. » De fait, en 2021, plus de 12 000 femmes ont été dépistées dans le Mammobile de l’Hérault, soit un quart des dépistages réalisés sur l’ensemble du département. 

MC Quertier

Docteur Marie-Christine Quertier

« Toute région comporte des zones où la médicalisation est faible et où les Mammobiles ont donc toute leur utilité », poursuit le Dr Pujol. C’est le cas dans l’Orne, en Normandie, autre département pionnier avec la mise en circulation d’un Mammobile au milieu des années 1990, comme le décrit le Docteur Laurent Verzaux, son président depuis 2019 : « Notre population est à la fois très rurale et éclatée sur le territoire. Il existe bien entendu une offre de radiologie de proximité mais elle n’est pas totalement adaptée à la spécificité de cette répartition. Fort de ce constat, le département a décidé dès 1994 de diversifier son offre de dépistage avec un Mammobile, en complément des installations centralisées dans les villes principales ». Et, là encore, son utilité est patente : « Quel que soit le taux de participation, le dépistage de notre unité mobile représente la moitié de cette activité sur l’ensemble du département, détaille le Docteur Marie-Christine Quertier, coordinatrice du Mammobile. En temps normal, cela représente entre 7000 et 7500 examens annuels. »

Une fréquentation à la fois importante et régulière qui s’explique par une forte adhésion de la population, dans les deux départements où la présence des Mammobiles fait partie intégrante du paysage médical : « Dans l’Hérault, il est connu et reconnu, tant par les pouvoirs publics que par les professionnels de santé et la population », relate le Dr Pujol. « Les tournées sont entrées dans les habitudes de la population et dans la culture médicale sur notre territoire », corrobore le Dr Verzaux. 

Laurent Verzaux

Docteur Laurent Verzaux

Pour répondre à ces importantes attentes, une haute exigence technique et technologique est de mise pour les Mammobiles. Mécanique, matériel médical et d’imagerie, climatisation, informatique… nombreux sont les équipements à entretenir ou renouveler car une panne, quelle que soit son origine, entraîne l’immobilisation du camion et, donc, l’annulation d’une voire plusieurs tournées de dépistage.

En outre, « même mobile, l’installation doit répondre aux critères de contrôle qualité », souligne le Dr Verzaux. Dans un Mammobile, le mammographe est utilisé toute la journée et tous les jours ouvrables : « Il est donc bien plus sollicité qu’en cabinet de radiologie, précise le Dr Pujol. Pour maintenir une qualité d’examens optimale, il doit être bien entretenu et renouvelé régulièrement, ce que nous avons fait en novembre 2020. » 

Mobile, le dispositif de dépistage l’est également sur le fond et il évolue pour s’adapter à la mouvante réalité du terrain. Dans l’Orne, par exemple, le profil de la population cible a évolué ces dernières années : « auparavant, les femmes que nous rencontrions étaient principalement des agricultrices ou salariées agricoles qui, souvent, ne conduisaient pas ou n’avaient pas le temps de se déplacer vers le centre de radiologie, décrit le Dr Quertier. Elles sont aujourd’hui plus autonomes, ce qui pourrait expliquer une baisse de fréquentation qui semble se dessiner sur le département. En cette période de mutation des territoires, nous allons donc peut-être devoir repenser les besoins de nos tournées (lieu de stationnement, horaires…). » Pour les identifier, « une expérimentation est menée dans 4 autres départements normands avec le concours de l’Inserm et des pouvoirs locaux, détaille le Dr Verzaux. Les résultats nous permettront d’adapter notre approche. »

En Occitanie, le Mammobile héraultais s’exporte également : « nous avons réalisé une première expérimentation dans 3 communes de la haute vallée de l’Aude, une zone de montagne reculée, relate le Dr Pujol. En 3 jours, nous avons procédé à plus de 230 dépistages ! Cela montre bien la réalité des besoins en matière d’accès aux soins dans les régions démédicalisées. En accord avec les CPTS (Communautés Professionnelles Territoriales de Santé) locales, je vais poursuivre l’expérimentation dans divers endroits de l’Aude, de l’Ariège et de la Haute-Garonne en octobre, novembre et décembre 2022. »

Sur la route du dépistage mobile, les Mammobiles ont donc de nombreux kilomètres devant eux…

Installés dans des semi-remorques, les mammobiles répondent aux mêmes cahiers des charges que les cabinets de radiologie en matière de contrôle qualité des matériels et de formation de ses professionnels. Ils sont d’ailleurs reconnus par les ARS comme centres de santé. En amont des tournées, une invitation est envoyée aux femmes éligibles et une communication est organisée auprès des professionnels de santé libéraux (médecins, pharmaciens, infirmiers, sage-femmes) du territoire.

Outre un secrétariat médical, l’équipe compte un ou plusieurs manipulateurs ou manipulatrices qui procèdent à la mammographie.

La consultation et l’examen clinique (palpation des seins notamment) sont réalisés par un médecin généraliste ou spécialiste (gynécologue, par exemple). En l’absence de radiologue dans le Mammobile, les clichés sont transmis au siège de l’association pour la première lecture dans l’Hérault notamment, ou/puis au Centre régional de coordination des dépistages des cancers (CRCDC). Conformément au protocole en vigueur, deux lectures des clichés mammographiques sont donc réalisées par deux radiologues différents.

En cas de doute, des clichés et des examens complémentaires (échographie, par exemple) peuvent ensuite être conseillés au médecin traitant. 

Parmi les engagements qui font l’ADN de Siemens Healthineers, l’amélioration de l’accès aux soins est une priorité. Et cela passe par des stratégies de dépistage toujours plus efficaces.

Grâce à ses technologies de pointe, Siemens Healthineers est un acteur majeur du dépistage du cancer du sein comme le souligne le Docteur Joseph Pujol, Président du Mammobile, qui collabore avec Siemens Healthineers depuis plusieurs décennies : « notre partenariat est fondé sur une confiance profonde et totale, que ce soit pour la qualité du matériel, le suivi technique ou l’accompagnement. Notre mammographe répond parfaitement à nos usages et nos besoins au quotidien. Et au moindre souci, un technicien intervient très rapidement. Dans le cadre d’un système mobile comme le nôtre, cette disponibilité et ce respect des engagements sont extrêmement précieux puisqu’ils nous permettent de tenir, à notre tour, nos engagements auprès des femmes. Nous venons d’ailleurs de renouveler notre collaboration : c’est la preuve, s’il en fallait, qu’elle est pleinement satisfaisante ! »

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