La crise invite au changement: au sein du système de santé suisse, quelles sont les forces et les faiblesses qui ont été mises en lumière par l’épidémie de COVID-19? Quelles leçons les acteurs de ce système doivent-ils tirer de la crise?
L’un des principaux atouts du système de santé suisse a été sa capacité de réaction à la crise qui menaçait. À Berne, l’Hôpital de l’Île avait bien anticipé un afflux massif de patients gravement atteints. Par chance, le déferlement tant redouté n’a pas eu lieu, notamment grâce à la bonne prise en charge médicale des patients souffrant de pathologies chroniques en Suisse.
Un autre point positif à mon sens est le recours rapide à des solutions numériques. Ces solutions ont été installées très rapidement et ont pu être utilisées à la fois pour le télétravail et pour la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques.
J’ai en revanche trouvé regrettable le manque de coopération intercantonale. Au Tessin et à Genève, les hôpitaux ont dû accueillir un très grand nombre de patients lourdement atteints, tandis qu’à Berne de nombreux lits étaient vides. Les offres de prise en charge n’ont pas été saisies. Par ailleurs, on a pu constater que l’accent croissant mis sur l’économie au sein des établissements hospitaliers et la gestion axée sur l’efficacité qui en découle (concept du «just in time» – juste-à-temps) pouvaient entraîner des goulets d’étranglement dans la prise en charge en situation de crise.
À présent, il est urgent de discuter des conséquences d’une approche uniquement économique de la santé. On ne peut pas attendre d’un côté un système de santé stable, réactif en cas de crise et capable de maîtriser les enjeux de demain et de l’autre serrer toujours plus la ceinture.
Projetons-nous dans 10 ans: à votre avis, le système de santé suisse sera-t-il alors dans un état satisfaisant ou préoccupant?
Le système de santé suisse est tout à fait paré pour faire face aux défis actuels et à venir. La crise du covid a permis de montrer de quelle réactivité le système est capable pour s’adapter au changement. Je suis donc plutôt optimiste pour l’avenir, et j’ai hâte de voir de quoi il sera fait.
La tendance actuelle est plus que jamais à la transformation: qu’en est-il de votre capacité d’adaptation? Qu’avez-vous vous-même appris personnellement lors de la situation excep-tionnelle de ces dernières semaines?
Dans la mesure où j’ai déjà réussi à surmonter des difficultés professionnelles de tous ordres au sein de différents hôpitaux universitaires, que ce soit par le passé ou dans le cadre de la crise actuelle, je pense être capable d’une très bonne capacité d’adaptation. Avec de l’assurance et de la pondération, on peut tout accomplir ou presque.